1 Janvier 2013
- Christian Bobin -
Il y a des gens qui écrivent et qui me parlent
Ils ne m'aident pas à penser, ils m'aident à vivre
A être
Dans la vie
A en saisir la poésie
Pas pour en faire des conserves, non, juste pour m'en vêtir un instant,
apprécier la douceur du tissu sur ma peau nue
et le laisser glisser
Quelques morceaux de "La Folle Allure":
Je viens de comprendre quelque chose, une chose capitale, une révélation s'il on veut. Je viens de comprendre que personne, jamais, ne me contraindra en rien. Personne. Jamais. En rien. L'internat on verra bien. J'ai trouvé ma méthode. Elle est simple. Elle vaut pour l'internat comme elle vaudra plus tard pour un mariage, pour un métier, pour tout. Ma méthode c'est : on verra bien.
On ne peut pas grandir avec les autres.On ne peut grandir qu'en échappant à cet amour qu'ils nous portent et qui leur suffit, croient-ils, à nous connaître.On ne peut grandir qu'en faisant des choses dont on ne leur rendra pas compte, et d'ailleurs si on leur en rendait compte, ils ne les comprendraient pas, parce qu'elles seront faites avec cette part de nous demeurrée invisible, insaisissable, non couverte par le manteau d'amour qu'ils jetaient sur nos épaules.
...ce que j'apprends avec l'ogre c'est à ne pas jouer du violoncelle pour mieux en jouer plus tard, j'apprends à être aimée pour n'avoir plus besoin de l'être et pour enfin aller au delà, ailleurs, au delà du sentiment, ailleurs que dans le sentiment, pour aller dans quoi, dans l'amour peut-être, comme aujourd'hui dans cet hôtel, vivante, seule, aimante d'amour partout donné, partout reçu, sans la maladie du lien à un seul, aimante d'un amour qui ne dépend plus d'un père, d'un mari ou d'un amant...